Je le trouve dur, exigeant et souvent source de frustrations.
Je pense, des fois, faire autre chose.
Tout quitter.
J'y pense quand je suis chez moi.
J'y pense quand je lis des blogues d'enseignant, quand j'entends les idées du ministère, quand je travaille sur mes cours de maitrise, quand j'assiste à des réunions d'atteinte de la réussite par objectifs chiffrés, quand je parle avec des collègues blasés.
Mais, dès que je rentre dans ma classe, j'oublie tout.Dans ma classe, je suis la reine.
C'est moi la vedette de mon spectacle.
Je suis en contrôle, je sais que je suis bonne.
Je sais faire rire, je les regarde me regarder, je les entends m'écouter.
Je sais improviser, répliquer, répondre du tac au tac.
Je suis que je peux rebondir, innover, faire passer le courant.
Je suis à l'aise, dans mon élément.
Je ne me sens jamais jugée, moi l'insécure de service.
Le contact avec les élèves, c'est une drogue forte.
Ça nous redonne le goût, toujours, d'aller au front.
En première ligne.
Sous les obus.
Malgré tout et parce que tout.
Oui, madame!
Vous n'êtes pas la première à déplorer que les cours de pédagogie enlèvent le plaisir d'enseigner! Je me demande si ça s'enseigne vraiment, enseigner. On dirait qu'il y en a qui l'ont, et d'autres, pas du tout, comme si on naissait, ou pas, avec ce talent.
RépondreSupprimerLes professeurs, en tant que groupe, (pas en tant qu'individus), me désolent souvent. Comme le tollé actuel contre l'enseignement de l'anglais en sixième année. Les parents sont pour, la société dans son ensemble est pour, mais les saintjeanbaptistes et les professeurs, eux, font bloc contre l'idée. Ils sont d'ailleurs fort souvent contre tout changement, les professeurs. Rétrogrades un peu et pas tous très cultivés. Je parle en tant que groupe, évidemment. Il y a de tout, bien sûr.
Je me relis et ouais, j'ai peut-être bien des préjugés en fait...
Un exemple actuel dans ma vie. Le prof de ma fille de Seize ans, le prof d'académique. Dans son programme, ils font aussi la cuisine et de la menuiserie, rien à dire contre les deux profs qui s'occupent de cette matière. Rencontre avec l'enseignant de français et de mathématiques, donc. Je déplore que ma fille n'ait aucun devoir.
RépondreSupprimerRéponse du prof: "Ça ne servirait à rien de leur en donner. Ils ne les feraient pas."
RépondreSupprimer"Des lectures, alors? Ils ne pourraient pas y en avoir de suggérées? Des titres que vous avez aimés, vous, et dont vous pourriez parler en classe? Des visites à la bibliothèque?"
J'ai alors eu la nette impression que ce prof ne lisait pas. Il me fusillait des yeux et a tout fait pour me mettre à la porte. C'était fini. J'étais une mère fatigante. Que je sorte et ça presse! Vous comprendrez que je n'ai pas osé lui parler des mathématiques où ma fille est laissée carrément seule avec un cahier qu'elle ne comprend pas et ou elle écrit n'importe quoi, sans jamais être corrigée. J'ai quand même fait la demande "Pourrais-je engager un tuteur pour ma fille pendant les cours de maths pour qu'elle ne perde pas totalement son temps?" (il n'a jamais nié qu'il ne s'en occupait pas et que donc elle le perdait son temps). "Impossible, qu'il me répond, pas pendant la classe, à cause de notre convention collective. Va falloir que vous en engagiez un le soir ou les fins de semaine."
Il y a tellement de choses qui ne vont pas dans le monde de l'éducation.
RépondreSupprimerTant que nous ne mettrons pas de l'argent et des efforts dans la petite enfance, collectivement, on va retrouver à placer des emplâtres sur des jambes de bois au secondaire. Dépister la pauvreté, repérer la sous-stimulation, mettre des bonnes mesures d'intégration des nouveaux arrivants, instaurer des classes moins nombreuses, organiser une pré-maternelle 3 ans dans les quartiers pauvres...bref, investir là où c'est important! Mais non, on est dirigé par le pouvoir gris qui lutte pour des soins de santé (pas que ce n'est pas important mais on oublie qu'une population instruite est moins malade) et la protection de leur régime de retraite sur le dos des jeunes.
Et valoriser la profession. En ce moment, même un moyen cancre du cégep peut entrer en éducation à l'université. C'est désolant mais nous avons les enseignants que nous méritons. C'est toujours un tollé dans la population pour une hausse des salaires des enseignants. Mais quand le chauffeur d'autobus gagne plus que le prof. dur d'avoir le goût d'enseigner quand tu es un excellent élève du secondaire qui pourrait devenir médecin/ingénieur/avocat.
C'est un cercle vicieux. Pas de valorisation-pas de bons candidats-moins de valorisation....
Tout cela me déprime!
Faites donc un petit voyage.... ça vous changera! (clin d'oeil!)
RépondreSupprimerÇa rejoins une discussion avec mon mari. J'ai refilé mon dernier livre de Pagnol à ma fille et à table, je leur ai lu un passage qui m'avait fait pleurer. Tout le monde était ému (c'était très très beau !). Ma fille a sauté sur le livre.
RépondreSupprimerÇa m'a fait penser à une de tes chroniques où tu parlais de transmettre la passion. C'est le rôle d'un prof. Malheureusement (je m'excuse d'avance) le métier d'enseignant est loin d'être intéressant pour les gens de talents. C'est trop peu payé. Ça devrait être un métier glorieux, où seuls quelques élus auraient les compétences et le talent pour être sélectionnés.
Un collègue me faisait remarquer que la matière la plus mal enseignée au primaire est mathématique. Car les talentueux en chiffres, ceux qui les adorent, vont dans d'autres sphères professionnelles mieux valorisées. Par conséquent, en général, les enseignants n'aiment pas les mathématiques. Ils ont, en partant, un profil "social". Loin de la finance.
Heureusement, je trouve que mes enfants ont été chanceux. Ils ont tous eu, à un moment où à un autre, un professeur passionné. Une prof de musique par exemple, musicienne, qui a réussit à monter un spectacle de fin d'année VRAIMENT BON. Où les enfants chantaient, dansaient et jouaient JUSTE ! Après des années de bruits stridents et de spectacles poches et plates, j'ai pleuré comme une bonne !
Des profs comme toi, Madame Croque-Cerise, je leur en souhaite encore. Il suffit d'un seul pour allumer l'étincelle, le goût et le plaisir d'apprendre et de lire.
Tu aurais dû voir l'air des élèves de quatrième secondaire lorsque je suis arrivée avec la démarche inductive pour l'apprentissage du texte d'opinion... Les hypothèses et les observations... Bah... trop compliqué et impliquant...
RépondreSupprimerpffff....
Bien que je doive admettre que l'autre groupe s'y est jeté comme un poisson dans l'eau...
Très bon billet qui démontre que l'enseignement, c'est avant tout une vocation...
Caro
Michèle, j'en ai marre de ce discours sur le misérable salaire des profs. Ce n'est pas par le salaire que la valoristion passera.
RépondreSupprimerOn peut reprocher bcp au système d'éducation mais pas ça. Tu en connais bcp de bacc desquels on peut sortir de facto à près de 40 000 $ / an?