lundi 30 mai 2011

Lorsque j'étais immortelle

Lorsque j'étais immortelle,
des bulles de bonheur pétillaient dans mes yeux.
Elles éclataient, légères, me chatouillant le nez.

Et tu riais.
Et je riais de te voir rire.
Complices.

L'air était doux.
Ton regard en couverture me bordait.
Et je me lovais dans ton sourire.

J'ai oublié ces moments fous volés au temps.
Je n'arrive plus à retrouver la recette des bulles.
Je me suis perdue, quelque part à l'intérieur de moi.

J'ai besoin de toi.
Plus que jamais.

dimanche 29 mai 2011

Reprise

J'ai repris "l'entrainement" aujourd'hui. (30 minutes de tapis, alternance course et marche rapide en pente)
Il me reste 3 mois pour tenter de changer ma condition physique.
3 mois pour perdre 10 ans de sédentarité.
Je n'ai pas une minute à perdre!

C'est étrange, je ne m'imagine pas pouvoir être en forme.
Il me semble que je serais toujours celle qui souffle dans les côtes.
Peut-être parce que je ne vois pas concrètement d'amélioration?

J'ai peur.
Nous avons choisi de commencer par le plus dur physiquement.
J'ai peur de l'altitude, de mon anémie, de mes oreilles qui se bouchent, de mes mains qui gonflent quand j'ai trop chaud, de mon découragement.
Peur d'abandonner, de retarder les autres, de décevoir, de me décevoir.

Encore une fois je panique sur des éventualités.
Je tente de savoir à l'avance, de prévoir l'avenir.
Pas capable de ne penser qu'à l'instant présent.
D'être sereine.
D'attendre la rivière avant de penser la traverser.

Cré moi.

vendredi 27 mai 2011

Le cirage

Ils donnent du bon stock à l'hôpital!
J'ai eu une anesthésie rachidienne et des "calmants" en intraveineuse.
Je ne me souviens de rien.
Des flash.
Des sons.
Des impressions vagues.
Étrange.
Sérieusement, la prochaine fois (!) je refuse les calmants.
Ne pas me souvenir de ce que j'ai pu dire, pas certaine d'aimer ça.
J'aime avoir le contrôle.

Je suis au travail.
Mes élèves me trouvent un peu étrange.
Mais ils sont habitués.

Je suis étrange.

mercredi 25 mai 2011

Bis

Demain, une autre opération.
Je n'aime pas tellement que l'on joue dans mon corps.
J'ai l'impression d'y perdre mes repères.
Risquer de ne plus me reconnaitre, éventuellement.

J'aime mes habitudes, mes douleurs récurrentes rassurantes.
Elles m'accompagnent depuis longtemps.
Lorsqu'elles sont remplacées par d'autres.
Je panique.
Je suis une sentimentale dans le fond.

dimanche 22 mai 2011

Intensif

Un cours, un dernier.
En session intensive.
Ensuite, je fais une pause d'un an dans cette satanée maitrise.
Voilà qui me fera le plus grand bien.

Je me sens sous pression.
Je dois faire des lectures, un travail en équipe pour la semaine prochaine, participer à des forums, au quotidien.

Je suis fatiguée d'avoir des échéances.

Lorsque j'ai fait ma première maitrise c'est ce que je trouvais le plus éprouvant. Cette impression d'avoir tout le temps quelque chose à faire et que le temps libre l'était nécessairement aux dépens de la rédaction de mon mémoire.

Je ne suis cependant pas dupe, la pression est surtout dans ma tête et ce n'est pas juste la maitrise qui me draine. C'est aussi les livres d'enfance de mes enfants qui ont quelques mois de retard, mes corrections qui trainent, le ménage des armoires qui m'interpelle, les tomates à planter, les livres de bibliothèque à retourner, les rendez-vous à prendre, l'épicerie à faire...

Je me sens, de plus en plus, solidaire de toutes les femmes-mères-épouses et travailleuses du monde.
Peu importe où ces femmes se trouvent, je sais que nous portons toutes la même pierre.





jeudi 19 mai 2011

20/52

L'homme inquiet, Henning Mankell

Bon.
J'aime beaucoup Mankell mais là, franchement, j'avais hâte de finir de lire cette dernière aventure, annoncée, de l'inspecteur Wallander.
Une aventure lourde dans laquelle on se dépatouille entre des vieux secrets militaires suédois, un Wallander aux prises avec des problèmes de santé, une Suéde fade et grise.
Je ne sais pas trop, c'était lassant et ennuyant.
Dommage, je trouve, de quitter Wallander de cette manière.
Il méritait une plus belle fin, je crois.

Ceci dit, je recommande chaudement de lire Les chaussures italiennes de Mankell. Un excellent roman, sans Wallander. De quoi nous réconcilier avec l'auteur.

lundi 16 mai 2011

S'immuniser?

On se fait vacciner vendredi.
Je vais peut-être commencer à y croire un peu plus?

Il reste aussi la location de la maison.
C'est le dernier gros morceau stressant.
Mais j'ai un truc pour ne pas m'en faire pour ça.
Je transfère mon inquiétude sur ma santé.
Du coup le reste, c'est rien.
Hé hé, pas si folle la fille.

Bon, il y a toujours ma mère qui me pose des questions intéressantes du genre: qu'allez-vous faire si quelqu'un meurt durant votre voyage?

J'espère bien que personne n'aura l'odieux de mourir durant mon absence.

dimanche 15 mai 2011

Au fer rouge

J'ai été marquée au fer rouge il y a 7 ans.
Quand notre meilleur ami a eu un diagnostic de cancer de l'estomac.
Comme ça, un jour, à 38 ans.
Ce n'était pourtant pas un gros, pas un fumeur, pas un drogué, pas un buveur, pas un adepte de fast-food.
C'était un gars comme mon chum.

J'ai toujours été un peu anxieuse, mais il y a 7 ans, j'ai vraiment sombré dans une paranoïa cancérophobe solide.
J'ai perdu confiance dans la capacité de mon corps.
J'ai perdu l'idée que nous puissions être à l'abri en suivant des principes simples de vie saine.
L'idée que nous avions tous un cancer latent s'est installée profondément dans mon cerveau. Et avec elle, ce besoin pressant d'être hyper vigilante pour détecter rapidement les signes que cette maladie m'enverrait.
Mais, les signes... il n'y en a pas ou si peu ou si semblable à d'autres.
Du coup je suis perpétuellement en état d'alerte, perpétuellement en train de faire le guet. Je suis sous tension quotidienne.
Très très exigeant.

Je suis fatiguée.

Je parlerais à quelqu'un comme moi et elle me taperait tellement sur les nerfs.
Je trouverais cette personne vraiment puérile.
Une méga nouille de ne pas être capable de profiter de la vie maintenant, à toujours se faire hypothétiquement du mauvais sang pour des maladies imaginaires.
Franchement!

Je sais tellement ce que je lui dirais.
Je lui dis d'ailleurs.

Faudrait bien que je m'écoute un peu.




lundi 9 mai 2011

L'illusion

Je n'arrive toujours pas à croire que nous allons être en Asie dans trois mois.
C'est comme une idée totalement virtuelle.
On en parle, on prépare nos affaires mais franchement, c'est flou.
Je parle de tout ça comme si ce n'était pas moi qui allait partir.
Je n'arrive même pas à me visualiser dans un environnement asiatique.
Tellement aucune idée.

Et.
Avec mon optimisme légendaire.
J'attends encore.
La brique.
Je pense que je me protège dans le fond.
J'ai tellement peur d'être déçue, que j'anticipe, au cas.
Je suis forte pour me protéger.
Je crois.

dimanche 8 mai 2011

Nuit blanche

Écrire.
Toute une nuit.
Avec près de trente élèves de 15 à 17 ans.

C'est ce que nous avons fait, mon chum et moi, vendredi.
Lors de notre deuxième édition de la Nuit d'écriture que nous organisons à notre école.
Dès 17 heures, dans le café étudiant spécialement aménagé pour l'occasion.

Il y a deux ans, lors de la première édition, ce fut génial.
Une expérience unique que l'on pensait difficile à reproduire.
Nous avions donc des attentes pour cette fois-ci, mais surtout des appréhensions car le groupe était beaucoup plus nombreux.
Et, on ne peut jamais prévoir une ambiance.

Ce fut... incroyablement magnifique.
Tellement magnifique que je n'ai pas de mots pour le décrire.
Le genre de nuit où il faut y être pour vraiment comprendre ce qui s'y dégage.

Encore une fois nous avons pu constater que les jeunes aiment écrire.
Qu'ils ont envie de partager ce qu'ils écrivent mais aussi d'écouter ce qu'il y a dans la tête des autres.
Qu'ils ont énormément de talents, pour peu que nous leur donnons la chance de l'exprimer.
Et qu'ils sont créatifs, respectueux, drôles et sensibles.

C'était tellement beau à voir.
Nous avons pleuré et ri.
Nous avons découvert des élèves, approfondi notre connaissances de certains, partagé des textes, applaudi des prestations.

Nous sommes tellement fiers d'eux.
Nous savons que nous avons semé des graines.
Et qu'ils se souviendront toujours de cette nuit comme on se souvient des nuits uniques.

Voilà qui vaut bien toute la fatigue du monde.

mardi 3 mai 2011

19/52

J'aime vraiment beaucoup les romans de cette suédoise, Camilla Lackberg. Des excellents policiers originaux et rarement décevants. Cette dernière lecture fut au-delà de mes espérances! Tellement bien que j'ai dévoré cette moyenne brique en moins de 24 heures.

L'enfant allemand nous fait renouer avec les personnages, vus dans les romans précédents, avec grand plaisir dans une intrigue policière complexe et intelligente.
Tout se passe dans la petite ville de Fjällbacka où des vieux secrets de famille refont surface. L'intrigue mélange savamment des éléments de la deuxième guerre mondiale et la quête d'une écrivaine qui cherche à découvrir ce qu'aurait vécu sa mère à la même époque.
Cette écrivaine est d'ailleurs en couple avec un policier ultra sympathique et nous suivons les hauts et les bas de leur relation depuis le premier roman de Lackberg.

C'est excellent!

Au fait, le seul hic réside dans la difficulté relative de démêler qui est qui dans tous ces noms suédois que nous ne sommes pas vraiment habitués de lire, sauf si nous travaillons chez Ikea.
Mais bon, je ne peux tout de même pas me plaindre, moi qui lis surtout des policiers étrangers pour le dépaysement que cela me procure!

Pour les néophyte de Camilla Lackberg, je recommande de débuter avec La princesse des glaces, son premier roman.

dimanche 1 mai 2011

Décompte

Je n'aime pas avoir presque 40 ans.
Vraiment pas.
Je trouve que c'est vieux. J'ai l'impression d'être du mauvais côté de la pente. Celle qui descend trop vite, celle que j'ai si peur de débouler.

Je suis déjà allée voir un psychologue, un jour. J'avais 21 ans et je pleurais tout le temps en calculant le temps qu'il pouvait bien me rester, dans le meilleur des cas. En tenant compte, généreusement, de ma génétique qui font vivre les femmes de ma famille jusqu'à cent ans, je me donnais un pitoyable 80 ans de sursis.

J'ai beaucoup pleuré et j'ai arrêté parce que ça ne donnait vraiment rien.
Et je me suis mariée, heureuse et amoureuse.
Et j'ai donné naissance, à des mortels, eux aussi.

Je ne comprends pas vraiment encore le concept de la vie. Ce non sens fondamental qui nous fait vivre pour mourir. J'ai pris des cours de théologie, j'ai fait une maitrise sur les guerres de religion, j'ai plongé dans la lecture poétique, j'ai veillé un ami mourant, j'ai cherché mon sens dans les sens des autres.

Je ne désespère pas de trouver.

Il me reste encore 60 ans.





18/52

Le cantique des innocents, Donna Léon

J'ai pleuré lors de ma première visite à Venise. De rage de ne pas être vénitienne.
J'aime cette ville et j'aurais tellement voulu lui appartenir, corps et âme. Pouvoir m'y promener en m'y sentant chez moi et la connaitre dans tous ses bas-fonds. C'est une ville fantastique et unique.
C'est sans doute ce qui explique, en partie, mon attachement pour presque tous les romans de cette américaine qui vit depuis 20 ans dans la Sérénissime et qui se sert de cette ville comme toile de fond à des polars bien ficelés.

Donna Léon met en scène l'inspecteur Brunetti que j'aime presque d'amour.
Toutes les intrigues se déroulent à Venise avec les particularités que cela représente (pas de voitures, des histoires de vieilles familles, la corruption omniprésente, les masses de touristes, qui envahissent la ville, la pollution de la lagune, les inondations, la lenteur des procédures italiennes...)
Les personnages y sont savoureux, la ville vivante. Au fait, la ville est le personnage principal.
On termine tous les romans de Donna Léon avec cette envie d'huile d'olive, de poissons grillés, d'expresso et de grappa. Et celle, encore plus forte, de retourner à Venise pour tenter de s'y fondre.

Le cantique des innocents ne m'a pas déçu et j'ai renoué avec Brunetti comme avec un vieil ami. Une bonne intrigue qui se mélange habilement à d'autres enquêtes pour former un tout cohérent. Une histoire de vente d'enfants à des couples infertiles avec tout ce que cela implique d'exploration des travers humains.

Je recommande tout de même, pour ceux qui ne connaissent pas encore Donna Léon, de commencer par le roman Mort à la Fenice, la première aventure de Brunetti.